Tout savoir sur la DME
Dans cet article, Sarah aka @bysarahollie, maman de deux jeunes enfants, nous parle en long et en large de la diversification alimentaire menée par l’enfant – la DME.
Chez SPA®, nous avons à cœur de mettre en avant des témoignages de parents, des expériences qui les ont marqués afin de les partager avec la communauté SPA® Baby & Family Club. On vous laisse, ci-dessous, vous plonger dans le sujet.
Avez-vous déjà entendu parler de la DME ?
Ça n'a rien à voir avec un placement bancaire ou les impôts, c'est l'acronyme de "Diversification menée par l'enfant", on l'appelle aussi "alimentation autonome".
Vous allez me dire que c'est un nouveau mot (à la mode) pour parler de diversification alimentaire ! La DME fait, en effet, pleinement partie de la diversification alimentaire (qu'on appellera ici DA), mais c'est surtout une tout autre approche.
Étant maman de deux beaux chouchous, j'ai pratiqué les deux et je dois dire que la DME m'a séduite plus d’une fois. Cette approche a un réel potentiel : elle fait la part belle à l'autonomie, la découverte, la confiance et le respect du rythme de nos enfants.
Il y a deux différences majeures entre la DA et la DME :
La première invite votre enfant à se nourrir seul, en AUTONOMIE, à son rythme et en goûtant ce qui lui donne envie. Ce n'est pas papa / maman qui donne la becquée. C'est l'enfant qui touche, goûte, sent et choisit ce qu'il mange, ou non et la quantité qu'il mange. C'est à la fois la découverte des aliments, de leurs saveurs, leurs textures, leurs formes, un vrai boost pour développer la motricité fine, la confiance en soi et l’apprentissage vers l'écoute de son propre rythme.
La deuxième différence réside dans la TEXTURE, car on ne va pas proposer des purées mixées, mais bien des morceaux ! Et là, je vous vois recracher votre dernière gorgée. Ne gâchez pas cette délicieuse SPA® Touch pêche, je vais tout vous expliquer. En effet, ce sont des morceaux, mais pas n'importe lesquels et pas n'importe comment.
Tout d'abord, à quel âge peut-on commencer à proposer la DME ?
On conseille de commencer vers les 6 mois de l'enfant, car il y a certains prérequis à avoir pour démarrer ce type d'alimentation en toute sécurité :
- Bébé tient bien assis. Il n'a pas besoin d’être capable de s'asseoir par lui-même, mais il doit pouvoir se tenir assis, le dos bien droit (90°) dans sa chaise haute. C'est primordial pour une bonne ingestion des aliments.
- Bébé contrôle bien sa tête. Il la tourne correctement de gauche à droite et de haut en bas.
- Bébé sait attraper un objet et le porter à sa bouche.
- Et bien sûr, on n'oublie pas de parler de notre démarche à notre pédiatre pour avoir son feu vert. C'est important de s'assurer que son enfant est en bonne santé et ne présente pas de contre-indication, comme une malformation de la bouche, un trouble de la coordination, un retard ou autre.
Est-ce que ça va fonctionner si mon enfant n'a pas de dents ?
Eh bien, oui. Il n’a pas besoin d’avoir des dents, car entre 6 et 8 mois, l’enfant pousse l'aliment avec la langue contre le palais pour l'écraser ! Ce n'est que vers les 8 - 10 mois, en fonction des bébés, qu'il dirigera les aliments vers ses gencives qui sont bien assez puissantes pour écraser des aliments mous. Mon fils n'avait pas du tout de dents quand on a commencé (tout comme les cheveux, ça prend du temps à pousser) et ça n'a posé aucun souci.
Venons-en à cette histoire de morceaux. Oui, nos futurs petits bipèdes sont capables de gérer des morceaux pour autant que ceux-ci soient, comme nous l'avons dit plus haut, adaptés. Dans la DA, c'est d'ailleurs aussi aux alentours de 6 mois qu'on conseille de commencer à introduire les morceaux dans les purées. Ici, on va directement proposer plusieurs morceaux de différents aliments, cuits ou crus selon la texture et les couper à une taille adaptée aux capacités de bébé, selon son âge.
La TEXTURE sera FONDANTE : on cuit les légumes et fruits pour qu'ils puissent être fondants et donc facilement écrasés dans la bouche (fleurette de brocoli, patate douce, pomme...). Ou on les laisse crus si leur texture le permet (ex : une banane, un avocat bien mûr).
Une astuce pour savoir si c'est assez fondant : on doit pouvoir écraser facilement l'aliment entre le pouce et l'index ou entre nos lèvres sans forcer.
Pour la TAILLE des morceaux, il faut retenir que plus bébé est petit plus les morceaux seront gros. Ça peut sembler paradoxal, mais au départ, ils ont besoin de pouvoir le saisir facilement. Et c'est seulement au fur et à mesure du développement de sa motricité fine qu'on donnera des plus petits aliments, comme le riz.
J'ai un pense-bête pour savoir si la taille est adaptée :
- Quand bébé saisit avec toute sa main (à 6 - 8 mois environ) : la taille des morceaux doit être plus grande que la taille du poing de bébé et plus large que l'index du parent.
- Quand bébé saisit avec quelques doigts (vers 8 mois) : on peut réduire en cubes.
- Quand bébé saisit avec la pince "pouce-index" (vers 8 - 9 mois) : on peut avoir des aliments beaucoup plus petits comme du riz.
Pour la FORME, on coupe les aliments en bâton en forme de "donut". Par exemple, pour la patate douce, j’aime la couper en rondelles et une fois cuite, je fais, avec un emporte-pièce rond, un trou au milieu qui permet ainsi une prise facile.
On évite dans un premier temps, la forme "mini boule" (maïs, petits pois, pois chiche...) qui pourrait glisser trop vite. Pour ce faire, on peut les écraser pour "casser" le côté rond.
On s'amuse, on varie les couleurs et les formes dans l'assiette. Comme nous, bébé appréciera une chouette assiette à découvrir. D'ailleurs, ne dit-on pas qu'on mange aussi avec les yeux ?
Pour ce qui est des couverts, on privilégiera, dans un premier temps, le contact avec les mains pour qu'il découvre les aliments et s'entraîne à la préhension de différentes textures.
On introduira plus tard des petits couverts adaptés.
Mais si on laisse bébé manger tout seul, aura-t-il assez mangé ?
Soyons clair, au début, ce ne seront probablement que quelques bouchées maladroites. Il ne va pas directement manger, se rassasier et tout finir dès la première assiette. La DME, tout comme la DA, est surtout une découverte de l'alimentation, elle n’est pas encore complète et exclusive. Toucher les aliments, les sentir, c'est déjà apprendre et découvrir la nourriture. Et on complétera toujours les repas avec une tétée ou un biberon.
Je dirais qu'il est plus question ici de qualité que de quantité. On veille à ce que les assiettes soient équilibrées avec un apport en gras varié. On donne ainsi de bonnes habitudes alimentaires pour plus tard.
On ne forcera pas à manger un aliment, mais on peut le proposer plusieurs fois dans l'assiette. Je le fais d'ailleurs encore avec mon aîné qui a finalement pris goût aux chicons cuits.
On respecte le rythme de bébé, on arrête le repas quand il se sent rassasié. On laisse l'enfant sentir ses propres sensations de faim et de rassasiement. C’est ce qu'on appelle l'autorégulation.
Si bébé a très très faim, on va plutôt lui proposer son biberon ou l'allaitement en premier puis son assiette DME, histoire qu'il ne perde pas patience à essayer de choper les aliments avec ses doigts alors qu'il a super faim.
Super maman, super papa, je vous rappelle ici quelques clés de sécurité pour le repas :
- Bébé mange seul, MAIS n'est jamais tout seul dans la pièce, que ce soit en DME ou en DA.
- On adapte la taille des morceaux aux capacités de son petit chéri.
- On évite de le faire quand bébé est fatigué.
Risque d'étouffements
Profitons-en pour aborder le sujet qui peut davantage intimider quand on ne connait pas. La peur qu'un morceau passe par le mauvais trou.
La DME, ayant déjà plusieurs années de pratique devant elle, a fait l'objet de plusieurs études qui montrent qu'il n'y a pas plus de risque d'étouffements avec la DME qu'avec la DA, si elle est bien menée. Et ça m'amène à vous parler d'un incroyable mécanisme. Le corps humain est, encore une fois, incroyablement bien conçu. Nous le possédons tous et nous l'avons même sûrement déjà expérimenté, il s'appelle le RÉFLEXE NAUSÉEUX. Le réflexe nauséeux, c'est un mécanisme inné de notre corps qui consiste à ramener les aliments qui iraient dans la mauvaise direction vers le devant de la bouche. Il permet d’éviter le risque d'étouffement et chez nos petits trésors, il est encore plus puissant. À notre naissance, il se trouve au bout de la langue et il va reculer au fur et à mesure des sollicitations. Vers 6 mois, le reflex nauséeux se situe aux deux tiers inférieurs de la langue. Ainsi, si un morceau trop gros ou trop dur passe cette frontière, bébé va directement le recracher ou le vomir. Chez nous, adulte, il se situe bien plus loin au niveau de la gorge. Il est possible que le petit ait le réflexe nauséeux lors des premières rencontres avec des morceaux fondants ou même avec une purée.
En cas de réflexe nauséeux, il est important de garder son calme, de laisser le corps faire jusqu'à ce que l'aliment soit recraché. On évite d'introduire nos doigts dans la bouche pour rechercher la nourriture, car ça pourrait pousser l'aliment au mauvais endroit. On parle à l'enfant, on lui explique ce qui se passe, "tu peux recracher", on l'accompagne. Il est vrai que ça peut être impressionnant. Les premières fois, je peux vous dire que j'étais prête à mettre en pratique la technique de Heimlich apprise à la Croix-Rouge... Mais j'ai gardé mon calme et chaque fois l'aliment est ressorti avec, en prime, un sourire de mon fils, hyper content de lui.
Je ne peux que vous conseiller de vous renseigner sur la différence entre un haut-le-cœur, une fausse route et un étouffement. Ça rassure beaucoup de pouvoir identifier ce qui se passe et d'avoir les bons gestes pour chaque situation. Sachez aussi que ça n'arrive pas obligatoirement et vous verrez que bébé va vite apprendre à gérer la taille de ce qu'il met en bouche.
Les AVANTAGES et inconvénients de la DME.
Vous l'aurez compris la DME, c'est ultra-riche quand c'est bien mené.
Voici pour moi les grands avantages :
- Les parents qui la pratiquent vous le diront, c'est impressionnant comme ça accélère le développement de la motricité fine chez l'enfant. Et nous savons maintenant à quel point la coordination œil-main est importante pour notre développement et nos apprentissages par la suite.
- Un accompagnement vers plus d’autonomie : bébé gagne en indépendance, en assurance et prend confiance en ses capacités. Quelle fierté de le voir si débrouillard.
- Ça favorise une belle diversité alimentaire, car en prenant l'habitude d’éprouver du plaisir à l'heure du repas, babychou en retient mécaniquement une expérience positive, comme celle associée aux légumes. Ça pose les bases d'une bonne alimentation pour la suite.
- On le sait, les enfants apprennent mieux en faisant. Avec la DME tous les sens sont sollicités. Cela permet de l'éveiller à des textures, des saveurs, des formes, des odeurs, des sons et des couleurs différentes. Cela transforme aussi le moment du repas en un moment de découverte.
- On gagne du temps dans la préparation des repas. Ici, on cuit beaucoup à la vapeur. Ça nous permet de manger tous les quatre la même chose, en adaptant évidemment toujours, pour les enfants, le niveau du sel et des épices.
Mais si je ne devais retenir qu’un seul point positif, ce serait : le partage convivial autour du repas. Je trouve personnellement que notre monde va très vite, et pour moi le repas, c'est, un peu une parenthèse dans nos journées chargées où on prend le temps de se voir et d'échanger. Par exemple, c'est le moment où chacun va dire ce qu'il a le plus préféré et détesté dans sa journée.
Et ce que j'adore avec la DME, c'est que bébé partage non seulement ces moments en mangeant à table avec nous, mais aussi, un des parents ne le nourrit plus à la cuillère et n’est donc plus soumis à manger en décalé. On partage le repas tous ensemble en même temps. On remet la famille au centre et je chéris vraiment ces moments autour de la table.
Et pour avoir toutes les clés en main, voici également les inconvénients, selon moi :
- Si vous êtes ultra-maniaque. Soyons honnêtes... Dans les premiers temps, il y en aura "plus dehors que dedans". Un peu comme en DA, mais avec clairement plus de chaos. Les légumes et fruits se retrouvent écrasés, et entre recherche et maladresse beaucoup tomberont sur le sol. La DME demande un certain lâcher-prise. Mon astuce, c’est d’investir dans un beau tapis de sol en toile cirée facile à laver ou un chien fonctionne très bien aussi.
- Le temps : on en gagne au niveau de la préparation des repas, mais vous vous en doutez la recherche, ça prend du temps ! On ne peut pas plier un repas DME en 10 minutes top chrono. Votre progéniture a son propre rythme. Si vous n'avez pas le temps, mais que vous voulez quand même pratiquer la DME, c'est possible, on peut le faire le week-end, quand le planning est plus light ou encore faire un goûter DME au lieu d'un repas. Et alors, donner des purées le reste du temps. L'idée est vraiment que ce moment reste un moment agréable pour tout le monde. On n’a pas tous le temps et c'est ok.
Ça m'amène à préciser qu’évidemment, on peut faire un mix entre DA et DME. On peut essayer la DME et voir que ça ne nous convient pas pour diverses raisons. Ou on peut aussi faire uniquement de la DME. Tout cela fonctionne. Parent, surtout, écoutez-vous.
Liste de MATÉRIEL pour démarrer relax :
- Une chaise haute adaptée, c'est-à-dire où bébé est assis le dos bien droit (et peut poser ses pieds sur un rebord.) Ex : la Stokke.
- Un lot de bavoirs tabliers pour qu'il puisse s'en mettre partout.
- Assiette (compartimentée ou non) à ventouse / bol à ventouse. Merci à l'inventeur.trice des assiettes à ventouses.
- Une tasse d'apprentissage / un petit verre en plastique transparent pour que bébé voit ce qu'il y a dedans.
Facultatif :
- Un tapis de sol facilement nettoyable (ex : en toile cirée).
- Un chien.
- Pour plus tard, des couverts ergonomiques, adaptés aux petites mains, ceux-ci sont plus courts et ont une prise en main facile.
- Si vous voulez cuire à la vapeur, une marguerite pour la casserole (petite, efficace et qui prend peu de place) ou un cuiseur vapeur.
Je terminerai ainsi, si vous vous voulez vous simplifier la vie et mener une diversification alimentaire qui fait la part belle à l'autonomie et au plaisir de découvrir tous ses sens, la DME vous ravira.
Vous l’aurez compris, le socle de la DME, c'est la confiance en nous, en nos enfants et celle que nos enfants acquièrent. Au début, il va peut-être mettre des morceaux un peu trop gros, il va se salir et c'est normal, car il est en train d'apprendre. Faites-lui confiance, faites-vous confiance, allez-y à vos rythmes. Mais surtout, super parent, écoutez-vous !
Si la DME n'est pas faite pour vous, quelle que soit la raison, c'est ok et c'est super comme ça. Mieux vaut un repas agréable et dans la détente que des moments anxieux à table. On fait de la DME parce qu'on a envie de proposer ce type de découverte et de partager ça avec son enfant. Et pas parce qu'une étude a dit que c'était "mieux" ou parce que quelqu'un le fait. Vous connaissez votre famille et vous faites ce qu’il y a de mieux pour elle parce que vous êtes un super parent.
Et vous, vous faites de la DME ?